15.12.05

(Mes) savoirs de la palm : part 1.

Petite référence au passage au bouquin de T. Burnand Les savoirs de la pêche à la mouche, mais sans prétention de l'imiter. En fait je voudrais juste profiter de la prise d'un ombre lors de ma sortie sur le Vieux Rhône pour recenser quelles connaissances il fallait posséder pour parvenir à cette prise. Modestement, et histoire de disséquer une nouvelle fois cette pratique et son apprentissage pour informer d'éventuels lecteurs débutants.

J'insiste : mo-des-te-ment ! Car je suis conscient que je n'ai pris qu'un seul poisson ce jour-là. Un meilleur pêcheur aurait certainement eu d'autres "savoirs" à présenter.

Donc, pour prendre cet ombre il fallait :

- Bien sûr connaître ce coin. C'est fait depuis fin 2003 grâce à Philippe. Je sais maintenant (et également pour l'avoir lu dans la presse) que le Vieux Rhône est réputé pour ses ombres. Il y a là-bas une belle gravière.

- Connaître les postes à ombres. C'est très lié au point précédent mais bon. Les ombres aiment les gravières pas trop profondes et l'eau pas trop rapide. Pour cette prise, l'ombre n'était pas à plus de 4-5 mètres du bord et a gentiment signalé sa présence en gobant.

- Choisir la bonne mouche. Peut-être qu'une autre mouche aurait pris - probablement, d'ailleurs. Mais j'avais déjà pris des ombres avec une peute sur le Guiers en 2004 et c'est une petite mouche passe-partout que j'aime bien (et puis je venais de monter celle-ci).

- Adopter la bonne taille de mouche. Celle-ci était montée sur un hameçon de 20. Les ombres préfèrent les petites mouches (car ils ont une petite bouche) - même si on lit parfois qu'ils prennent parfois des plus grosses.

- Avoir un bon diamètre de pointe. Petite mouche = petite pointe donc 10 centièmes. Petite pointe veut dire aussi pointe moins visible et meilleure dérive. Bref tout est lié.

- Bonne tactique : sur une eau lisse comme celle-ci et un poisson qui monte lentement comme l'ombre, on pêche aval pour que le poisson voie la mouche sans voir le fil (puisque la mouche arrive dans le champ de vision du poisson avant le nylon auquel elle est attachée). Contrainte : il faut faire attention à ne pas arracher sur le poisson, ce qui l'effrayerait irrémédiablement. Donc lorsque je passe sur le gobage et que le poisson ne monte pas, j'attends que mon fil et ma soie ne soient plus sur lui avant de relancer.

- Bonne stratégie : ne pas affoler le poisson. S'il n'a pas pris au premier ou deuxième passage, ne pas le matraquer avec d'autres lancers. Attendre quelques minutes si besoin qu'il s'alimente de nouveau et remonte gober. Cela permet en outre de bien repérer la position du gobage et donc d'en déduire l'endroit où il faut poser - en l'occurence, environ 1.50 m en amont du gobage, voire plus.

- Avoir une bonne technique - disons, une technique suffisamment bonne. Là, la difficulté venait uniquement de la longue dérive aval et du dragage qui peut en résulter. Donc ligne pas trop tendue et posé courbe (je ne sais pas si c'est le bon mot en français - bizarrement je suis sûr qu'en anglais c'est le "reach cast"). Cette technique est un autre enseignement de Philippe, peut-être le plus important des quelques conseils qu'il m'a donnés (pas si nombreux finalement car nous n'avons pas pêché beaucoup ensemble et, comme je suis de nature plutôt autonome, il s'adresse en priorité aux plus débutants qui ont plus besoin de ses conseils). Cet enseignement avait été dispensé précisément deux ans auparavant à cet endroit précis - en fait il m'en avait déjà fait une démo lors de notre toute première rencontre (au barrage Richard) mais je ne l'avais pas bien assimilé à ce moment-là et Philippe était trop sollicité par la petite troupe présente pour avoir le temps d'y revenir.

- Ferrage correct. Là je passerai vite car selon Greg qui était à côté de moi j'ai ferré beaucoup trop fort - c'est un point sur lequel j'ai progressé mais un certain chemin reste à faire. Avec l'ombre je rencontre un double problème : ce poisson a la réputation de recracher rapidement la mouche. Donc il ne faut pas trop tarder à ferrer. En outre, lorsque je fais une longue dérive j'ai tendance à laisser beaucoup de mou dans ma ligne pour retarder le dragage. Mais... il faut ensuite résorber ce mou au moment du ferrage. Résultat : j'ai tendance à ferrer trop fort. Je reste drôlement content de n'avoir pas cassé sur celui-là.

- Bon matériel. Pas la peine de détailler, je voudrais juste signaler que je pêchais là pour la première fois avec un bas de ligne long (type Léonardo mis au point par Christian-le-Chmoufr). Est-ce qu'un bas de ligne plus court aurait été redhibitoire ? Ca on ne le saura jamais.

Ca me semble un bonne conclusion, modeste, de ce texte sur les "savoirs" : il y a aussi tout ce qu'on ne sait pas... et qu'on ne saura jamais.

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