8.12.05

Trois sortes d'hommes (B. Peyron)

Je lis dans Les Echos d'aujourd'hui un entretien du navigateur Bruno Peyron, dont les propos pourraient s'appliquer à la palm. Il suffit de remplacer marins par moucheurs. Bien sûr, le moucheur ne risque que rarement la disparition, heureusement, et il ne trouve jamais la fortune. C'est ce qu'il dit concernant le monde intérieur qui me touche :

"La sentence est connue, ancienne et attribuée à Platon : « Il y a trois sortes d'hommes, les vivants, les morts, et ceux qui vont sur la mer ». Ni vivants, ni morts, les marins ? Oui, peut-être, puisqu'ils sont dans cette espèce d'entre-deux - la mer, monde en soi, entre deux continents -, de juste milieu et de milieu juste - pas de triche possible avec l'océan -, de milieu géographique, milieu naturel immense et fort. Les risques ont toujours fait partie du métier de marin. Mais les profits, s'ils ne sont pas absents des courses sur la mer - courses commerciales, pirates et corsaires, explorations, courses sportives - ne se révèlent que rarement en rapport avec le risque ultime : la disparition.

Le bilan, à l'arrivée, n'est positif que dans l'esprit de ceux qui sont allés au bout d'eux-mêmes, de ceux qui ont fait le tour du monde et de leur monde intérieur. Ils en reviennent plus riches à l'intérieur, plus riches d'expérience, plus proches de ceux dont ils se sont un temps éloignés. Ce baptême à l'eau salée fortifie l'âme des marins, leur profite. Mais, vivant sans cesse si près de leur mort, ceux qui vont en mer donnent parfois des coups dans les mots de la terre - et cela fait des bleus...

Aucun commentaire: