12.8.05

Gère (7) - Le bonheur mesure 22 centimètres

Coïncidence intéressante : après mon post d'hier concernant les capots, je me retrouvais à n'avoir rien pris après plus d'une heure de pêche sur la Gère. Et je constatais -avec plaisir- que j'étais déjà très très heureux de me retrouver là après ces trois semaines d'abstinence (relative, certes, j'y reviendrai dans un prochain texte). Je m'étais senti sourire largement en découvrant la rivière du haut des escaliers du quartier de "la Turquie". Retour au bercail, enfin.

J'avais comme espéré gagné un bon de sortie pour un coup du soir (départ à 17h30) après une journée bien remplie de rangement, courses et bricolage - pas désagréable d'ailleurs. J'avais déjà choisi la Gère depuis le soir précédent : le bon souvenir des pêches de septembre de l'année dernière et l'espoir d'un niveau d'eau correct malgré la sécheresse m'avaient décidé. Sans compter, bien sûr, la proximité : l'Albarine est tout de même plus loin, surtout en montant au-dessus de St-Rt (avec de surcroît un niveau d'eau certainement très bas) ; quant à la BRA, elle risquait d'être surpeuplée de vacanciers et canoës - et comme toujours difficile à pêcher.

Dans ma tête j'avais déjà choisi le secteur (la Turquie donc) et même envisagé les techniques : peut-être un coup de NAD sur les bordures si le niveau le permettait, ainsi qu'un essai de noyée. Et prospection des courants en sèche en l'absence éventuelle de gobages. Pas de NAV sur ce secteur - tant mieux, ça m'éviterait des échecs !

Evidemment je n'ai pas suivi de programme puisque je suis resté tout le temps en sèche ! Pourtant les gobages furent très rares malgré une petite éclosion d'éphémères claires de petite taille. J'avais démarré avec une petite araignée (hameçon 18 ou 20) orange terne avec colerette en cdc récupérée je ne sais où, sur les conseils d'un moucheur confirmé arrivé au même moment que moi. Nous avons échangé quelques mots en montant nos fouets au bord de l'eau.

Naturellement, je me présente comme un grand débutant. Il me dit qu'il était bien difficile de débuter tout seul de nos jours car les poissons sont difficiles, alors qu'il y a trente ans il suffisait de poser correctement quelque chose qui ressemblait à une mouche pour que les truites montent. Il considère indispensable aujourd'hui de faire partie d'un GPS pour démarrer, pour bénéficier des conseils d'autres moucheurs. Je lui explique que je n'appartiens pas à un club mais que grâce à mouche-fr j'avais rencontré plein de moucheurs sympas dans la région et que j'avais progressé grâce à eux.

Il ne pêche pas la Gère depuis longtemps (habitant le Péage de Roussillon, il va essentiellement en Ardèche et en Haute-Loire), car il pensait qu'elle était très sale à case des industries (qui fonctionnaient encore). Aujourd'hui, il ne semble donc pas gèné outre mesure par ce parcours en ville tout de même très crade. Et puis, c'est tout près de chez lui.

L'araignée orange n'a rien donné pour faire la bordure la plus proche de moi. Pas plus qu'une araignée rouge de même type. Je suis passé à une Oreille de Lièvre à longs poils montée en palmer, que j'avais montée moi-même en m'inspirant de la mouche avec laquelle j'ai pris ma truite de 35 plus tôt dans l'année. Sur l'eau je l'ai trouvée tout de même un peu trop touffue, un peu trop volumineuse.

C'est pourtant sur celle-ci qu'est montée cette petite truite, en bordure d'un courant courbe. 22 cm mais bien mignonne. Elle m'a rendu si heureux que je lui ai fait une petite bise - c'est la première fois que je me livre à une telle pratique. Pas passé loin : je l'avais piquée à la commissure de la bouche, à un ou deux millimètres seulement.

Je crois que j'ai progressé en concentration et en confiance : il n'y a pas si longtemps, j'aurais certainement cassé au ferrage. Classique en pêchant l'eau sur du 10/100. Outre la concentration, il y a un autre facteur important : bien ramener la ligne avec la main gauche. Ainsi on limite au maximum la longueur de soie à résorber avant d'entrer en contact avec la mouche (et le poisson!). Je crois que j'en ai pris conscience en septembre dernier avec Christian. Depuis, j'y suis toujours attentif.

Pour la première fois, j'ai utilisé du produit "anti-flottant" sur ma pointe (du Xink je crois), fortement influencé par la lecture d'un vieux bouquin de Tony Burnand qui répète plusieurs fois ce conseil. C'était certes encore plus important du temps où les moucheurs avaient souvent les mains grasses d'avoir graissé leur soie et en mettaient souvent sur la pointe. Jusqu'ici j'avais uniquement utilisé de la salive, occasionnellement en sèche et systématiquement en NAV.

Autre essai, que je vais renouveler mais sur lequel je vais me renseigner via mouche-fr : la technique de la mouche glissée, que j'ai découverte dans la vidéo de Doug Swicher sur les truites difficiles. Pas de résultat, mais je me souviens avoir à plusieurs reprises entendu le Thias dire qu'il avait fait draguer son sedge juste au-dessus d'un poste pour déclencher la montée. A creuser, à creuser.

Techniquement plutôt à l'aise ce coup-ci (je maîtrise bien mon matos et le bdl Miremont adopté depuis plusieurs semaines), je n'hésite pas à tenter des lancers pas faciles comme une pêche aval en revers par exemple - je ne prétendrai pas que c'était parfait ! Et puis je m'enrichis de l'expérience acquise avec les autres techniques : bien que pêchant en sèche je me suis appliqué à adopter une discrétion proche de celle de la NAV. Je me baisse pour progresser par endroits, pêche parfois à genoux. Est-ce une coïncidence ? En tous cas je m'étais assis sur une pierre et pêchais donc bas lorsque j'ai piqué cette truite. Pas très "sportif", mais efficace.

A part ça rien de neuf, sinon que j'ai enfin découvert le haut de ce secteur. Très sympa, presque bucolique avec ce gros arbre. La configuration des courants a un peu changé depuis l'année dernière suite à l'apparition d'un gros banc de galets. Bizarre et perturbant. Ca me semble moins riche : le courant est maintenant plus uniforme me semble-il.

Lorsque je remontais vers cet arbre, j'ai vu deux gobages presque au même endroit à deux secondes d'intervalle dans une fin de courant. J'avais vraiment bon espoir de piquer un deuxième poisson... mais le gobage ne s'est pas reproduit. Est-ce que j'ai mal pêché ? Effrayé cette truite ? Avait-elle simplement cessé de s'alimenter ? Impossible de le savoir. Je suis sûr qu'on peut apprendre beaucoup de ses échecs, mais encore faut-il disposer d'éléments pour les analyser !

J'allais oublier : comme souvent, aucune activité particulière au coup du soir. Voyant quelques ronds sur le plat je les ai pêchés à la lumière des réverbères, pour prendre un petit blanc sur un sedge en cervidé clair h14 au moins. Cette gourmande vandoise n'a pas eu droit à la bise - est-ce que je deviens snob ? ;-)

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