Gère (1) - Bonne reprise de confiance

Faire l'ouverture le jour de l'ouverture, c'est un peu fou : on sait à l'avance qu'il va y avoir trop de monde, qu'on va se les geler, que les poissons ont toutes les chances d'être effrayés par tout ce passage et généralement peu actifs, mais on y va tout de même : pour le symbole et pour les copains. Christian m'avait appelé vendredi, même s'il savait bien qu'on se retrouverait là-bas. Ca m'a fait d'autant plus plaisir que j'ai pris conscience que si j'ai eu un Maître pour la palm c'est bien lui : même si j'ai appris des trucs lors de sorties avec des copains, en particulier avec l'ami Philippe, il n'y a qu'avec Christian que j'ai connu un apprentissage en bonne et due forme. Plusieurs demi-journées entières où il ne me quittait pas, m'indiquait où pêcher, comment voir les coups, etc. Donc spéciale dédicade à Maître Christian pour cette ouverture 2006. J'espère qu'on aura l'occasion de se retrouver souvent au bord de l'eau cette année.

Donc arrivée à 10h30 et retour à 17h00, bien naze. Heureux de retrouver "ma" rivière même avec tout ce monde (par endroits c'est comme dans le métro à Paris), même un peu haute et même avec de l'eau trop trouble pour pêcher en NAV. Débuts en Turquie, bien sûr. Comme me le disait Christian la veille pêcher un secteur connu permet de reprendre confiance. Un petit peu de sèche, pour retrouver le timing, puis de la noyée à une seule mouche puisqu'il n'y a pas de trace d'activité. Evidemment ça ne donne rien. Arrive 11h, je monte sur le NK. Pas une seule truite visible sur le plat. En remontant j'en verrai seulement deux, au moment où elles s'enfuient à mon arrivée : l'eau est décidément trop trouble.

Je remonte jusqu'à la champignonnière, toujours pas d'activité ni de poissons visibles. De temps en temps je me retourne en entendant un bruit proche de celui d'un gobage. En général ce n'est qu'une cuillère. Parfois, c'est un gros rond... mais non, c'est un canard qui plonge sous l'eau.

Je redescends et vois enfin un gobage discret dans la forêt. Pas commode à atteindre, comme toujours là-bas même si l'APP a fait un gros travail sur les berges.
Je pêche aval, coup droit, revers. Pas moyen de faire monter ce poisson qui ne n'est manifesté qu'une seule fois. J'en vois un autre, discret, un peu en amont de ma position, en-dessous du promontoire. Je me baisse et m'assieds sur mes talons. Je relance l'ODL Olivier Balme avec laquelle je pêche depuis mon arrivée (ham 16 sur du 12 centièmes).

Plusieurs passages, rien. Et puis elle prend ! Je ferre et casse, non pas sur la mouche mais à la jonction pointe-avant-pointe. La faute au noeud ? Surtout la faute à ce ferrage trop brutal. Je m'en veux et j'ai beau me dire que le plus important est d'avoir leurré ce poisson, je suis hyper frustré. Un petit poisson je pense, mais qu'est-ce que ça change ?

Je redescends en Turquie, où Christian doit me retrouver. Il doit ête autour de 13h30. Le temps se remet au gris, avec du vent après une éclaircie qui a duré une bonne heure et m'a bien réchauffé (sinon, glagla !). J'observe... Gobage ! Ou plutôt: gobages ! Deux poissons qui gobent à répétition à 30 cm d'écart. Tout petits remous, ils prennent sûrement des émergentes. Je monte une ODL, une que j'ai montée moi-même dans le style AB Fly. Une mouche assez foncée, bref je ne la vois pas, elle pêche bien dans la pellicule. D'autant plus difficile à voir qu'il y a du vent, un sale vent qui souffle dans mon dos et tend ma pointe. Bah, je lance quand même, quand il y a des accalmies. Au deuxième ou troisième passage... Pendue ! Cette fois j'ai ferré doucement, sans y avoir réfléchi. Peut-être que le vent m'a aidé, finalement: les rides sur l'eau compliquent la vision du poisson :-) Le poisson saute deux fois avant de se rendre. Ouf, la frustration est envolée grâce à cette jolie truite de 25 cm. Evidemment elle repart à l'eau : ce n'est pas encore aujourd'hui que je conserverai un poisson. En fait elle était seule : les gobages sont finis.

J'en piquerai encore une dans la même zone, petite, qui se décrochera alors que je la ramène. Ma première avec une chewy. Pas grave. Je quitte enfin ce secteur qui reste mon préféré, après avoir passé un moment avec Christian et deux de ses camarades du GPS - dont le champion de France junior de Montage (Quentin?). Nous passons un moment à essayer de faire monter des poissons actifs sous une branche mais pas plus que moi ils ne parviennent à éviter le dragage. C'est rassurant en un sens.

En bas de la Turquie, avant le grand plat, je vois un petit gobage. Un peu loin, mais je suis en confiance : premier passage, pendue ! Bon, c'est juste un blageon de 10 cm mais c'est toujours ça. Peute foncée.

Je redescends jusqu'au bas du secteur 1, où il y a encore une grosse affluence de tocqueurs, ferrailleurs et lanceurs de bouchons. Je retrouve le coin où j'ai pris ma première truite sauvage, il y a quatre ans. De l'eau a coulé sous les ponts, j'ai fait de beaux progrès. Et même si je sais qu'il me reste tant à apprendre (et je me réjouis de cet appretissage qui n'aura jamais de fin), je suis conscient de n'être plus un Apprenti. Pas encore un Maître, ce n'est pas un objectif. Mais un Compagnon.

Quelques autres photos de cette reprise :

Une veille fourchette rouillée pour résumer les saletés qui gachent cette belle rivière. C'est précisément pour cela que je me suis décidé à me faire vacciner contre le tétanos cette année. Je me suis retenu d'immortaliser l'une des innombrables merdes de chien :-(((((((((((