Albarine (5) - Les ombres du soir

Très difficiles, ces ombres. Je serais tenté de dire qu'ils étaient chipoteurs, mais si ça se trouve c'est juste moi qui m'y suis mal pris : je n'ai rien fait de vraiment spécifique par rapport à la pêche de la truite, alors que j'aurais peut-être dû pêcher aval, choisir des mouches spécifiques...

Ah si, j'ai tout de même fait quelque chose de particulier : après plusieurs refus, j'ai réduit ma pointe à 8/100 et monté une mouche en h 18 ou 20. Ca n'a pas supprimé les refus, mais c'est là que j'ai pris un ombre de 25-28 cm. Il avait engammé profondément et j'ai eu du mal à retrouver la mouche - d'autant que la pointe s'était prise dans le filet de mon épuisette et tirait le fil vers le bas.


Une épuisette décidément utile


Le meme au flash 

Bref, galère. J'avais vraiment très peur que la bouche du poisson n'en sorte très abîmée. Heureusement, j'ai pu décrocher facilement la mouche avec ma pince et la bouche du poisson était en parfait état, sans le moindre saignement. Je l'ai ranimé pendant plusieurs minutes et j'étais vraiment heureux de le sentir reprendre sa vigueur pour repartir dans le courant.

Ceux qui ne pratiquent pas le no-kill ne connaissent pas ce sentiment. C'est un peu comme aider un ami qui ne va pas bien. On se soucie vraiment de sa santé. Pour moi, cela n'a aucun rapport avec "gracier" comme le ferait un souverain face à un condamné - peut-être parce que, comme je n'ai jamais tué de poisson (hormis les nuisibles), je ne considère pas le poisson comme condamné sous prétexte que je l'ai pris. Bref je ne ressens pas de puissance. Plutôt de la plénitude.

En tous cas, cette "relaxe" a été si difficile que j'ai été content lorsque les deux petits ombres suivants se sont décrochés dans mes pieds. De toutes façons ma main sentait déjà le poisson !

Je me demandais vraiment comment je m'en sortirais lorsque j'ai monté cette pointe très fine. Vraiment, ça fait penser à un cheveu. J'ai passé mon temps à me dire d'y aller doucement au ferrage, de ferrer à retardement. J'aurais certainement cassé au ferrage sur certaines montées - heureusement, c'étaient des refus ! Ce n'est pas si souvent qu'on se félicite des refus, hein...

Et cet ombre s'est bien laissé ramener, sans trop combattre. Et lorsqu'il essayait de repartir vers le courant je l'ai déséquilibré en basculant la canne. Donc pas de souci particulier pour le mettre à l'épuisette - c'est vraiment utile, je suis content de m'en être procuré une.

Un peu de factuel : j'étais au "champ de Greg", de 18h30 à 22h (heure légale de fermeture, si je ne me suis pas trompé). Je serais bien retourné sur l'"ancien", lieu de mes "exploits" précédents, mais cette fois-ci je tenais à descendre rapidement à la rivière et en remonter idem. Et c'est vraiment le secteur le plus accessible pour moi.

Des gobages réguliers dès mon arrivée sur place, des insectes dans l'air : surtout des ecdyos (mais les spents ne donneront rien) quelques éphémères et de rares mouches de mai. En soirée des sedges, mais tout cela dans des quantités bien inférieures à jeudi dernier.

Je n'ai jamais pu voir ce que les poissons prenaient : les gobages ne semblaient pas se faire sur ce qui était en surface. Peut-être des émergentes, mais malgré mes essais rien n'a marché à part cette petite peute.

Un joli coup du soir, un poil frustrant à cause des refus nombreux, et le fait de ne pas avoir trouvé la solution. La quête de la prerfection continue, il faut rester humble - pas le choix ! Je serais sans doute moins content si je n'avais pas pris ce bel ombre, mon premier de l'année, et si je n'avais pas réussi à le ranimer. Et puis il y a le plaisir de participer au mythe de la palm, en faisant un coup de soir.